LE PREMIER SECRÉTAIRE
Paris, jeudi 4 avril 2013,
Cher camarade, chère camarade,
Je t’écris aujourd’hui pour te dire à quel point je comprends la stupeur et la colère qui doivent être les tiennes après les aveux de Jérôme Cahuzac. Je les comprends d’autant mieux que je ressens la même stupeur et la même colère.
Par ses actes d’une extrême gravité, la détention d’un compte dissimulé à l’étranger pour frauder le fisc, et ses mensonges inacceptables, il a trahi la confiance du président de la République, du Premier ministre, du Gouvernement auquel il appartenait, de la représentation nationale, des citoyens, mais aussi des militants socialistes.
Ces actes sont incompatibles avec les exigences de la vie politique et des mandats publics qui lui avaient été confiés. Ils constituent une blessure pour tous les socialistes.
Être socialiste, c’est avant tout avoir des devoirs envers la République et envers les Français. Par ses agissements, Jérôme Cahuzac s’est exclu de fait de notre Parti.
Lors de son intervention télévisée de ce mercredi 3 avril, le président de la République a fait preuve d’une fermeté absolue. Le président de la République et le Premier ministre ont respecté scrupuleusement l’indépendance de la justice. Celle-ci n’a jamais été entravée dans son action. Ils ont fait preuve à cet égard d’un respect exemplaire du principe fondamental de séparation des pouvoirs. Enfin, ils ont pris, dès l’ouverture d’une information judiciaire, les décisions fermes et rapides qui s’imposaient, en mettant fin aux fonctions de Jérôme Cahuzac.
Respect absolu de l’indépendance de la justice et des principes démocratiques, réaction prompte et appropriée: l’UMP ne peut se prévaloir d’une telle attitude, pas davantage hier au pouvoir qu’aujourd’hui dans l’opposition.
François Hollande a annoncé trois décisions majeures pour une République exemplaire, digne de la confiance des Français: renforcer l’indépendance de la justice avec la réforme du Conseil Supérieur de la Magistrature, lutter contre les conflits d’intérêt avec la publication obligatoire et le contrôle du patrimoine des parlementaires et des ministres, et interdire tout mandat public aux élus condamnés pour délit de corruption ou de fraude fiscale.
La droite et l’extrême-droite essaient de tirer profit aujourd’hui de cette situation pour se livrer à une surenchère politicienne dangereuse: elles instrumentalisent une affaire individuelle à des fins de déstabilisation du Président et du Gouvernement. Nous ne devons pas l’accepter. Il est particulièrement inacceptable de voir l’UMP et le Front national se réunir derrière le même langage et la même exploitation indigne de cette affaire, exploitation délétère qui alimente l’anti-républicanisme.
La situation exige au contraire des dirigeants politiques qu’ils fassent preuve d’un grand esprit de responsabilité et d’éthique républicaine.
Je te demande d’apporter ton soutien le plus complet à l’action déterminée du président de la République au service de notre pays.
La meilleure réponse face à l’adversité et à la crise, c’est l’unité la plus grande des socialistes dans le soutien aux réformes économiques et sociales mises en œuvre pour la croissance, l’emploi, la justice sociale, pour redresser et transformer notre pays dans la durée.
Face à l’adversité, j’appelle à faire preuve de courage et d’engagement, avec pour seule boussole nos valeurs. Tu peux compter sur ma détermination totale: plus que jamais, nous devons mobiliser notre Parti pour la réussite de notre pays et pour la modernisation de nos institutions. Ensemble nous continuerons de mettre notre énergie au service de la gauche qui agit pour la France et les Français.
Amitiés socialistes,
Harlem Désir
Premier secrétaire